Sorti en 1967, il est une véritable pierre angulaire de la musique moderne, l’un des disques les plus influents de l’histoire du rock. En pleine ère du mouvement hippie qui a vu tous les yeux de la musique se tourner vers la côte ouest des États-Unis, une volée de musiciens ne se reconnaissant pas dans cette mouvance tentait alors des choses hors-norme à l’autre bout du pays. Dans la grisaille, dans les squats d’artistes et les galeries d’art, The Velvet Underground racontait une tout autre Amérique.

Emmené par ses leaders Lou Reed et John Cale, produit par Andy Warhol au sein de son collectif The Factory, le groupe jouait dans des bars new-yorkais depuis 1965 avant de rencontrer le grand peintre américain. C’est donc Andy Warhol qui pousse la formation à intégrer Nico, célèbre mannequin dont les envies musicales s’imposent à la formation. Humainement, l’alchimie ne prend pas. Mais musicalement, leurs minimalismes respectifs s’accordent superbement. Andy Warhol les invite à se produire durant ses spectacles : des projections de films agrémentées de musique live et de performances d’artistes. Il aime leur esprit corrosif, cette capacité à choquer leur monde en parlant de mort, de sadomasochisme ou de drogues avec un détachement déconcertant. En un an, ils enchaînent les concerts, parviennent à signer sur le label Verve, plutôt spécialisé dans le jazz, et enregistrent leur premier album vinyle, The Velvet Underground & Nico. Tout le milieu artistique de New York les connaît. Ils sont épaulés par une grande maison de disques, soufflent un vent de fraîcheur musicale sur le rock d’alors, profitent de la renommée de leur parrain Andy Warhol… Ils ont toutes les cartes en main pour devenir un groupe à succès. Si les ventes sont honnêtes durant les toutes premières semaines, un problème juridique les oblige à retirer le disque des bacs pendant plusieurs jours. De plus, la pochette aux références phalliques, les thèmes abordés dans leurs textes finissent par rebuter les radios américaines et les magazines de musique, certaines salles de concert refusent de les programmer, et des magasins de disques n’acceptent pas l’album dans leurs rayons.

Le Summer of Love à beau sévir, rien n’y fait : l’album est un vrai flop, un échec commercial cuisant pour Warhol et sa bande avec seulement 30 000 exemplaires vendus en cinq ans. Face à cette désillusion, Lou Reed et John Cale se libéreront de l’influence d’Andy Warhol et de la présence de Nico pour préparer leur second album, White Light/White Heat, sorti en 1968. Puis, c’est John Cale qui quittera la formation l’année suivante. Leur premier album vinyle, tombé quelque peu dans l’oubli durant le début des années 1970, connaîtra un regain d’intérêt et de ventes dès 1977. 

Le rock a alors changé, c’est désormais le son de New York qui mène la barque. Et difficile de faire plus new-yorkais que « l’album à la banane ».

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